Commotion cérébrale (TCCL) au travail – Quoi faire?

On voit de plus en plus de cas de commotion cérébrale en milieu de travail : un travailleur fait une chute ou se cogne la tête. Dans certains cas, le diagnostic est clair : il s’agit d’un traumatisme craniocérébral léger (TCCL). Dans d’autres cas, le diagnostic arrive quelques jours ou quelques semaines plus tard. Pour l’employeur, ce n’est pas évident de faire la lumière sur la situation, comme pour tout ce qui est subjectif. Toutefois, il faut contester le diagnostic si les évaluations médicales sont incomplètes ou si l’événement est banal. Dans ces cas-là, une expertise médicale peut être utile afin de connaître le fin mot de l’histoire et de mettre en place les bonnes procédures de retour au travail.

Il importe de différencier la commotion cérébrale d’une contusion

La contusion

Est une blessure sans gravité apparente, produite par un choc sans qu’il y ait déchirure de la peau. Elle affecte le plus souvent les muscles. La contusion osseuse est une lésion de l’os sans fracture, associée à une hémorragie interne. La contusion cérébrale est une lésion cérébrale due à l’écrasement du cerveau dans la boîte crânienne lors d’un choc. Sa gravité est fonction de l’étendue et de la localisation de la lésion. Habituellement, le terme contusion cérébrale est réservé pour des TCC graves avec enfoncement de la boîte crânienne. Sinon, on va parler d’ecchymoses ou hématomes qui se limitent à l’aspect extérieur du crâne, soit au cuir chevelu. La contusion du cerveau ne peut être évaluée que par une tomographie ou résonnance. On peut alors qualifier le TCC de modéré ou de grave et non de TCCL.

La commotion cérébrale (TCCL)

Est une blessure qui peut affecter le fonctionnement du cerveau. Elle résulte d’un coup direct à la tête, au visage, à la nuque ou à une autre partie du corps qui fait bouger le cerveau dans la boîte crânienne et qui peut entraîner des lésions au cerveau. Les chutes, les collisions, les contacts dans les sports ou les coups reçus d’une personne ou d’un objet constituent des exemples d’incidents susceptibles de provoquer une commotion cérébrale.

Sur quoi repose le diagnostic de la commotion cérébrale (TCCL)?

Le diagnostic clinique de traumatisme craniocérébral léger repose sur la présence d’au moins un des éléments suivants :

  1. De la confusion ou de la désorientation
  2. Une perte de conscience de moins de 30 minutes
  3. Une amnésie post-traumatique de moins de 24 heures
  4. Tout autre symptôme neurologique transitoire, comme un signe neurologique localisé, une convulsion ou une lésion intracrânienne ne nécessitant pas une intervention chirurgicale
  5. Un résultat variant de 13 à 15 sur l’échelle de coma de Glasgow, qui aide à déterminer la gravité initiale d’un TCC, après les 30 minutes suivant l’arrivée à l’urgence (Holm et coll., 2005)

Certains facteurs personnels sont des pronostics de récupération fonctionnelle et influencent la possibilité de retourner au travail. Parmi ceux-ci, on note :

  • Étourdissements
  • Nombre de symptômes signalés lors du suivi
  • Éléments de stress post-traumatique
  • Déficits cognitifs objectivés aux tests de mémoire et des fonctions exécutives
  • Diminution des interactions sociales
  • Recherche de compensation financière ou situation litigieuse
  • Perte de conscience
  • Antécédents de problématiques de santé mentale (ex. : anxiété, dépression, manie, symptômes psychotiques)
  • Fonctionnement cognitif et intelligence prémorbide plus faibles
  • Situation de travail antérieure (ex. : instabilité d’emploi, faible revenu)

Deux grands éléments dont il faut tenir compte

D’abord, est-ce qu’il s’agit bien d’un TCCL? Ce n’est pas parce qu’il y a un choc à la tête qu’il y a une commotion cérébrale. Ensuite, s’il y a bien un TCCL, il faut déterminer si celui-ci a été causé lors de l’accident en milieu de travail (que ce soit par un impact direct ou indirect).

Dans les deux cas, il est conseillé d’obtenir une expertise médicale pour en avoir le cœur net. Une enquête approfondie des circonstances entourant l’événement effectuée rapidement après sa survenance reste le meilleur outil pour documenter les faits.

Aussi, si le diagnostic n’est pas nommé dès la première consultation, il faut se poser des questions. Même si le diagnostic apparaît d’emblée, il vaut parfois la peine de vérifier certains faits.

Exemple d’un cas vécu d’expertise médicale

En mai 2020, une travailleuse s’est cogné la tête alors qu’elle transférait des draps dans la sécheuse. Deux mois plus tard, elle était toujours en arrêt de travail et elle souhaitait faire un retour au travail progressif et allégé.

Après l’incident, elle est retournée chez elle par ses propres moyens. C’est vers 2 heures du matin qu’elle s’est réveillée avec des nausées et des étourdissements. Le lendemain, elle a obtenu une rencontre en téléconsultation avec son médecin de famille qui a diagnostiqué un TCCL. Un des points majeurs à ce stade, c’est qu’il n’y a pas eu d’examen de la part du médecin, car il n’y a pas eu de consultation en clinique.

Le médecin a de nouveau rencontré la travailleuse par téléconsultation la semaine suivante et a noté certains symptômes, principalement des céphalées et des étourdissements lors des activités. Le médecin a encore parlé de TCCL et l’arrêt de travail s’est poursuivi.

Le lendemain, la travailleuse a consulté en physiothérapie. Sur le plan objectif, son examen neurologique était alors normal. Deux semaines après l’incident, la travailleuse a rencontré son médecin en téléconsultation pour une troisième fois et l’arrêt de travail s’est encore prolongé. Même chose un mois après l’incident.

L’expertise médicale a eu lieu deux mois après l’incident. La travailleuse a alors affirmé qu’elle avait encore des étourdissements, mais que son état s’était amélioré. Elle s’est plainte aussi de céphalées pancrâniennes qui pouvaient devenir très douloureuses lors d’activités physiques. En dehors du travail, elle avait repris l’ensemble de ses activités.

Après plusieurs examens, le mandat d’expertise est venu infirmer le diagnostic de TCCL. La travailleuse aurait plutôt subi une contusion crânienne et il n’y avait aucune raison de retarder son retour au travail. De plus, au regard des résultats des examens, la travailleuse ne souffrait d’aucune limitation fonctionnelle qui justifierait un retour progressif ou un allègement de ses tâches.

Ainsi, comme vous pouvez le constater avec l’exemple précédent, cela vaut la peine d’aller chercher une expertise médicale pour mieux comprendre une situation et pour s’assurer d’avoir la bonne information. Si le trauma semble banal et qu’il n’y a pas de perte de conscience, vous devriez contester le diagnostic.

Si vous avez le moindre doute concernant un diagnostic de TCCL d’un employé ou encore si vous souhaitez clarifier les conditions de son retour au travail, n’hésitez pas à communiquer avec notre équipe d'experts pour obtenir une expertise médicale.

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