6 facteurs pouvant influencer négativement le temps de consolidation pour une entorse lombaire
L’entorse lombaire est l’un des diagnostics les plus fréquemment retrouvé dans les dossiers CNESST, et son impact socio-économique est souvent très important. Bien que le mot « entorse » ne soit pas totalement approprié comme diagnostic, c’est tout de même celui qui est couramment utilisé en contexte d’accidents du travail. Une entorse lombaire implique nécessairement un événement traumatique.
Comment se produit une entorse lombaire au travail?
Le plus souvent, elle survient lors d’un effort physique dans une posture contraignante pour le dos, surtout s’il y a une combinaison de mouvements, ou lors d’un faux mouvement. Son traitement initial consiste à la prise d’une médication analgésique, idéalement non-narcotique (ex : acétaminophène) et anti-inflammatoire, ainsi que des séances de physiothérapie. Le lien d’emploi doit être encouragé, autant que possible, en assignation temporaire (travaux légers), afin de garder l’employé actif pour éviter une chronicisation. En règle générale, la consolidation devrait être atteinte au bout de 5 à 8 semaines.
Si le temps de consolidation dépasse les 5 à 8 semaines, c’est le moment de se poser quelques questions. Il y a 6 facteurs à prendre en considération. Dans le cas où un ou plusieurs de ces facteurs s’appliqueraient à votre dossier de lésion professionnelle, le recours à une expertise médicale en orthopédie pourrait s’avérer fort utile.
Quels sont ces 6 facteurs auquel vous devriez porter une attention particulièrement ?
- Évolution atypique
Si la condition se détériore avec le temps plutôt que de s'améliorer, cela ne correspond pas du tout à l'évolution d'une lésion traumatique. On doit se poser des questions lorsqu’il y a un délai de consolidation de 8 semaines et plus, avec des traitements adéquats, d’autant plus si le médecin en charge refuse d’accorder une assignation temporaire d’un travail.
- L’intensité et la réalité du traumatisme
Si l’événement est de faible intensité (banal) ou même inexistant, surtout si l’évolution n’est pas rapidement favorable au rétablissement, cela devrait attirer votre attention. Une description imprécise et changeante de l’événement traumatique, voire contradictoire, peut être aussi un facteur d’alerte. Il peut également y avoir des dénonciations par des témoins.
- Circonstances particulières
S’il y a une « coïncidence » avec une fin de contrat imminente, une interruption temporaire des activités de l’entreprise, des vacances refusées, des conflits au travail, etc. et que vous avez des doutes sur la véracité de l'état du travailleur, une expertise médicale sera à considérer avant la période normale de consolidation. Attention cependant, car cela n’empêche pas que l’événement traumatique peut être bien réel.
- Antécédents, taux d’absentéisme et conditions personnelles
Par le passé, votre employé a peut-être eu plusieurs arrêts de travail en lien avec le siège de lésion au niveau lombaire. Selon leur intensité ou leurs séquelles, ceux-ci peuvent influencer l’évolution de la nouvelle lésion.
De plus, la présence d'une condition personnelle dégénérative préexistante, qu'elle soit connue ou non, peut compliquer l’évolution de la blessure. En général, un taux d'absentéisme élevé est également considéré comme un facteur de mauvais pronostic. Grâce à l’expertise médicale, vous serez en mesure de connaître les antécédents de votre employé, qui peuvent avoir un impact sur le temps de consolidation.
- Apparition du diagnostic « sciatalgie » ou « cruralgie »
On doit aussi se questionner s’il y a des diagnostics qui changent ou qui s’ajoutent d'une visite médicale à l'autre.
S’il y a mention des mots « sciatalgie » ou « cruralgie » au dossier, il peut être pertinent d’aller rapidement en expertise médicale, afin de statuer si le symptôme correspond à la réalité. En effet, malheureusement, ces mots sont souvent mal utilisés et suggèrent la possibilité d’une hernie discale. Il est donc important de déterminer s’il y a des signes cliniques compatibles avec une hernie discale.
- Obésité, sédentarité et facteurs psycho-sociaux
Certaines conditions du travailleur, telles que l’obésité et la sédentarité, peuvent parfois contribuer à une évolution défavorable. De plus, les troubles de l’humeur et l’anxiété peuvent influencer négativement la perception de la douleur.
À vous de jouer maintenant!
Vous êtes désormais bien informé quant aux facteurs qui peuvent influencer le temps de consolidation d’une entorse lombaire. Il sera à vous de juger, en tant qu’employeur, considérant ces facteurs, s’il est pertinent de demander une expertise médicale en orthopédie.
Besoin d’accompagnement?
Sachez que l’équipe d’EXAMED est là pour vous donner l’heure juste sur tous problèmes musculosquelettiques. Notre rôle est de vous éclairer sur la condition médicale de vos travailleurs et, le cas échéant, aussi d’éclairer le juge administratif au Tribunal administratif du travail (TAT) sur les notions d’ordre médical.
N’hésitez pas à communiquer avec notre équipe pour des conseils ou de l’accompagnement dans vos dossiers CNESST.
Auteur : Dr François Lefebvre, orthopédiste et détenteur d’un certificat en médecine d’assurance et expertise de l’Université de Montréal
*Veuillez noter que cette chronique reflète uniquement l’opinion et l’expérience professionnelle de l’auteur.